jeudi 19 mai 2011

Les Indégivrables vont dans le Monde


Depuis quelques jours les Indégivrables, ces drôles de pingouins qui ressemblent tellement à des humains, paraissent tous les jours dans le Monde de papier - en page 2 pour être précis.

Bien sûr, je félicite chaleureusement le papa (Xavier Gorce) - pas trop chaleureusement quand même, pour ne pas aggraver la fonte de la banquise. J'imagine que ça lui a fait plaisir, et je comprends qu'un auteur soit heureux de voir son oeuvre ainsi reconnue et diffusée.

Mais au fond de moi, très égoïstement, je suis un peu triste.

Jusqu'à ce jour, j'avais l'impression de faire partie d'un petit groupe de privilégiés, qui partageaient entre eux un secret. Chacun pouvait dire à ses amis : tu sais, j'ai découvert un type formidable, qui publie sur internet des dessins drôles et subtils, va voir ça, ça s'appelle Les Indégivrables ... Le groupe s'agrandissait petit à petit, par transmission de bouche à oreille, par capillarité ... une sorte de Confrérie des Adeptes des Pingouins. C'étaient nous, les visiteurs de la banquise, qui décidions de qui nous admettions dans la confrérie ...

Et d'un coup, plus de secret, plus de confrérie, plus de privilège, le monde entier est mis au courant ... le 18 mai fut notre nuit du 4 août.

J'ai aussi réalisé ce que perdait le dessin à être imprimé sur le papier jaunâtre du Monde : disparu le fond blanc banquise brillant, accentué, ou souligné, par la fine bordure grise ; disparues, les touches légères de couleur, qui donnent au dessin son relief et ajoutent à son charme, remplacées sur le papier du Monde par de tristes à-plats gris ...

J'ai réalisé enfin que c'en était fini, au moins en partie, de ma liberté d'ouvrir quand je le souhaitais la porte de mes amis les pingouins. Je pouvais aller et venir, passer un moment chez eux, sans avoir besoin d'y être invité, ou ne pas y passer pour y revenir quelques jours ou quelques semaines plus tard, découvrant d'un coup, avec un plaisir plus grand encore, le petit trésor accumulé depuis mon précédent passage ... Me voici maintenant lecteur obligé, puisque je lis Le Monde presque tous les jours ... Heureusement, comme le dessin est toujours bon, la pénitence n'est pas trop dure à supporter !

Mais par pitié pour les amis des pingouins, laissez vivre sur internet le site des Indégivrables !

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