vendredi 24 février 2012

C comme Compétitivité


(suite de mon abécédaire de campagne)

La campagne présidentielle est lancée. Les programmes des principaux candidats commencent à prendre forme.

Sous forme d'un abécédaire, en passant par D comme Dette, F comme Fiscalité, I comme Inégalités, ou V comme Valeurs, je pose ici aux candidats les questions dont dépendra en grande partie mon vote en avril prochain.

Au menu aujourd'hui : C comme Compétitivité.

Ma question

La France est en panne de compétitivité. Sa part de marché dans le monde baisse à grande vitesse : de 1995 à 2010, elle a reculé de 35%. Seuls le Japon et le Royaume Uni ont fait pire. Le déficit de sa balance commerciale se creuse : il a atteint 70 milliards d'euros en 2012, record absolu.

Quelles mesures comptez-vous prendre pour améliorer la compétitivité des entreprises qui emploient des salariés en France ?

Mon avis

La France doit faire les efforts nécessaires pour maintenir, ou rétablir, un coût du travail qui lui permette d'être compétitif avec les pays européens les plus riches, et notamment avec l'Allemagne.

Mais il ne doit pas s'agir de faire du "dumping social" ou du "dumping environnemental" : la France doit se maintenir parmi les pays les plus avancés en matière de protection sociale ou de protection de l'environnement. Elle doit fournir à ses salariés des rémunérations elles aussi en ligne avec les pays les plus riches, dont elle fait partie. Elle en a les moyens.

De plus, le coût du travail n'est qu'une des composantes de la compétitivité, et peut-être pas la principale (voir par exemple cet intéressant article de Marie Coris dans Le Monde). La France doit, en parallèle, améliorer son système de formation, soutenir fortement l'innovation, et favoriser la "montée en gamme" et l'"exportabilité" de la production française, qui seules permettront à la fois de développer l'emploi et de maintenir un niveau élevé de salaires et de protection sociale. Les entreprises allemandes réussissent à exporter sur le marché chinois : les nôtres doivent y arriver aussi (y compris bien sûr, en achetant ou en faisant fabriquer des pièces ou des composants, autant que nécessaire, dans les pays à bas coûts). Pour produire français, il faut être capable de vendre français. Là encore, pourquoi l'Allemagne y réussit-elle, et pas la France ?

Ce n'est pas non plus en se privant, par des décisions hâtives et irraisonnées sur l'arrêt de centrales nucléaires ou l'interdiction de la recherche de gaz de schiste, de ses avantages concurrentiels en matière d'énergie, que la France rétablira la compétitivité de son industrie (voir par exemple ce point de vue de bon sens de Nicolas Barré sur le gaz de schiste ; voir aussi E comme Energie, ou mon commentaire sur l'accord PS-EELV).

La France doit par ailleurs œuvrer pour renforcer la gouvernance monétaire européenne, afin d'améliorer la compétitivité de l'Europe vis-à-vis des Etats-Unis et des pays émergents. Cela passe par l'acceptation d'une certaine perte de souveraineté des pays membres au profit de l'Union Européenne (voir E comme Europe).

Mais il faut combattre l'idée que ce serait par des mesures protectionnistes, notamment contre les pays émergents, que la France retrouverait miraculeusement ses emplois et sa croissance. Il faut tordre le cou au mythe du péril jaune (voir M comme Mondialisation, et ici).

(à suivre)

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