mardi 28 février 2012

I comme Inégalités


(suite de mon abécédaire de campagne)

La campagne présidentielle est lancée. Les programmes des principaux candidats commencent à prendre forme.

Sous forme d'un abécédaire, en passant par D comme Dette, F comme Fiscalité, I comme Inégalités, ou V comme Valeurs, je pose ici aux candidats les questions dont dépendra en grande partie mon vote en avril prochain.

Au menu aujourd'hui : I comme Inégalités.

Ma question

Les écarts de revenu entre les 1% les plus pauvres et les 1% les plus riches se sont très fortement accrus depuis quelques années. Cette inégalité est rendue encore plus insupportable par la précarité qui frappe en priorité les plus démunis. Que comptez-vous faire pour réduire ce fossé qui ne cesse de se creuser ?

Mon avis

Les inégalités contre lesquelles il faut lutter ne se limitent pas aux inégalités de rémunération. Je pense notamment à celles concernant l'accès aux soins et plus généralement la santé : en France en 2008, 15,4 % de la population adulte déclare avoir renoncé à des soins médicaux pour des raisons financières au cours des douze derniers mois. Autre statistique à méditer : en France, l’écart d’espérance de vie à 35 ans entre cadre et ouvrier est aujourd’hui de 7 ans chez les hommes et 3 ans chez les femmes, l'écart d'espérance de vie en bonne santé est encore plus important, et ces écarts vont en s'aggravant.

Concernant plus particulièrement les rémunérations, je ne crois ni possible, ni souhaitable, de les limiter par la loi, que ce soit celles des sportifs, des artistes, des patrons ou des traders : le faire dans un seul pays, c'est se donner la certitude que la loi sera contournée facilement. Et, mal gré qu'on en ait, nous sommes dans une compétition mondiale pour l'attraction des talents : on ne peut pas l'oublier.

On pourrait, en théorie, imaginer des règles européennes d'encadrement des rémunérations. Mais, outre le fait qu'il est très improbable qu'on puisse parvenir un jour à un accord sur un tel sujet, je ne suis pas convaincu que ce soit une bonne idée : toute limitation de type réglementaire des rémunérations se traduit immanquablement, très rapidement, par des pratiques de contournement qui ajoutent l'opacité à l'inéquité.

Je crois que la lutte contre les inégalités excessives, c'est-à-dire celles qui sont jugées inacceptables par la société, passe essentiellement par trois leviers :

• l'amélioration des revenus des plus pauvres, grâce d'une part aux transferts sociaux (y compris la facilitation de l'accès aux soins, ou à l'énergie, pour les plus démunis), et d'autre part à la réduction du chômage et plus généralement de la précarité

• une transparence accrue sur les très hautes rémunérations (dans toutes les professions), qui contribuerait à mettre la question en débat public sur des bases concrètes et objectives et, en permettant à l'ensemble des citoyens de juger du caractère acceptable ou pas des rémunérations concernées, d'introduire une certaine modération - en ce sens, l'approbation des rémunérations des dirigeants d'entreprises par les assemblées générales d'actionnaires constituerait un progrès

• une fiscalité plus équitable (voir F comme Fiscalité), où chacun contribue à la juste mesure de sa capacité contributive, où l'ensemble des revenus sont pris en compte de façon égale, où les exonérations ne sont accordées que lorsque leur efficacité économique et sociale est démontrée, où les rémunérations manifestement excessives sont imposées à un taux marginal au moins égal à 50% - mais qui tienne compte aussi du fait que la France n'est pas isolée du reste du monde, et qu'une fiscalité qui serait trop éloignée de celle des pays voisins accroîtrait l'incitation des bénéficiaires des revenus concernés à trouver refuge dans des pays plus "accueillants".

(à suivre)

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