mardi 17 décembre 2013

Haïkus choisis de Kobayachi Issa

Marie-Luce Grasset

 Soir d'hirondelles -
demain encore
je n'aurai rien à faire
-oOo-
 Prépare-toi à la mort
prépare-toi -
bruissent les cerisiers en fleurs
-oOo-
Tuant une mouche
j'ai blessé
une fleur
-oOo-
 Ce printemps dans ma cabane -
absolument rien
absolument tout
-oOo-
 Fraîcheur du soir -
celui-là sait que la cloche
sonne le glas de sa vie
-oOo-
 Fraîcheur du soir -
celui-là ignore que la cloche
sonne le glas de sa vie
-oOo-
 Ce monde souffre -
même les herbes le disent
qui se courbent au couchant
-oOo-
 Ce matin c'est l'automne -
à dire ces mots
je me sens vieillir
-oOo-
 Rien qui m'appartienne
sinon la paix du cœur
et la fraîcheur de l'air
-oOo-
 Sur la montagne
la lune l'éclaire aussi -
le voleur de fleurs
-oOo-
 Un monde
qui souffre
sous un manteau de fleurs
-oOo-
 Couvert de papillons
l'arbre mort
est en fleurs
-oOo-
 Dans la brume de chaleur
quelques trous laissés
par le bâton allé au temple
-oOo-
 On vieillit -
même la longueur du jour
est source de larmes

Kobayachi Issa (traduction de Corinne Atlan et Zéno Bianu)

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